Quand arrive le printemps, je suis toujours émerveillée de voir les bourgeons, les petites feuilles, les insectes et toutes ces petites choses qui font que la nature se réveille. Mais ici, au paradis, tout revêt un caractère encore plus fort… Comme si le vert était plus vert ici que partout ailleurs… Ce n’est pourtant pas faute d’avoir cherché… !
Je regarde cette cabane, au fond du jardin, illuminé par le soleil descendant. Dans mes premiers souvenirs, elles étaient déjà là. Les « cabinets du fond du jardin ». Avant, il n’y a avait que papa pour y aller parce que moi, j’aimais pas ; il y avait des araignées au plafond et puis j’avais toujours peur que quelque chose sorte des toilettes… Qui savait ce qui habitait dans le noir du trou… des bêtes, des serpents gigantesques, des horribles araignées aux yeux rouges et brillants dans le noir, bref… trop peu pour moi ! Heureusement, avec le temps et l’âge, les choses changent et maintenant, des toilettes sèches, mes frères et sœurs et moi, on a tous dans nos jardins respectifs ! Même que ma grande-grande-sœur et ma nièce, et bah, elles en ont dans sa maison !
Et puis, ce jardin… Ahhh ce jardin ! Grand, même pas clôturé ni rien, avec sa grande balançoire ! Elle aussi, elle a toujours fait partie de mes souvenirs. La première, c’était une orange et vert, comme toujours ! Je devais avoir 6 ans quand papa l’a installé. Avec ma grande-sœur, on était trop contentes et on y faisait des acrobaties ! Je montais debout sur ses épaules et elle était debout en dessous, sur la balançoire ! Combien de cochons pendus ? Combien de ratés ? Combien de parcours entre la corde, l’échelle, le trapèze et les anneaux ? Combien de fois j’ai touché le poirier avec mes pieds en voulant monter plus haut ? Combien de fois on a chanté « Une petite fille sur un balançoire » ?!
La terrasse, elle a été construite en 1989 ou en 1990. Je m’en souviens car j’étais toute petite et qu’il y avait beaucoup de monde à la maison pour la construire. Mon frère, à cette époque, il avait 20 ans, les cheveux longs et une moustache ! Depuis, elle en aura vu passer des pieds nus et des sandales en été et des gros godillots l’hiver ! Combien de repas ? Avec combien de personnes différentes ? Et sous combien de générations de parasol ?!
Et puis, le potager. Le lieu sacré de mon papa. Le lieu où, assis sur le banc, on peut regarder pousser les tomates et les fraises. Toutes les générations sont venues ici : pour que chacun exerce son sens du goût en grignotant un brin de ciboulette ou de persil, une fraise ou une tomate poire. Aussi pour exercer son sens de l’observation et savoir différencier une courgette d’un concombre, une carotte d’un navet ou une laitue d’une frisée ! Mon papa, il tient cette passion de son papa, mon papy Guy que je n’ai pas connu. Il adorait les fleurs et aujourd’hui encore on replante ses dahlias, à chaque printemps ! Grace à lui et aussi à papa, on aime bien jardiner dans la famille.
Tous ces lieux, tous ces petits espaces, ce sont eux qui font de la maison de mon enfance mon paradis le plus précieux… J’essaye de ne pas penser au jour où elle ne fera plus partie de notre famille parce que j’ai bien peur que cela arrive pour de vrai… Où irai-je alors pour panser mes plaies et reposer mon esprit ? Où iront courir alors mes propres enfants ?
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